Thé bio et pesticides : voilà ce que vous devez savoir

par | 14 Jan 2019 | Développement durable

plantation de thé bio

Dans tous les secteurs, le Bio s’impose désormais comme une évidence. Pour soulager la planète des pesticides et des engrais qui polluent océans et nappes phréatiques et pour soulager nos organismes de la même façon, manger bio est une valeur sûre. Le thé BIO n’échappe pas à la règle. Toutefois, dans quelle mesure est-il indispensable ? Faut-il obligatoirement boire du thé bio ? Et comment est-il fabriqué et certifié ?

Pourquoi les pesticides sont-ils utilisés pour produire du thé ?

La liste des pesticides utilisés dans le cadre de la production de thé est longue. On en distingue (et autorise) plus de 1100 pour l’Europe, 800 au Japon. Ces pesticides sont utilisés pour lutter contre certaines maladies, champignons et pour repousser les oiseaux.

Deux types de pesticides reviennent le plus souvent : le folpel, un fongicide et l’anthraquinone, un répulsif pour oiseaux.

Une étude de 2008, publiée par l’Université de Mizoram en Inde, explique que la façon dont le thé est produit de nos jours offre toutes les conditions requises au développement des maladies et autres ravageurs. Le problème est que le thé est produit en monoculture pour des raisons de rentabilité et d’efficacité. Hélas, la monoculture nécessite plus d’engrais pour contrer l’appauvrissement des sols et plus de pesticides pour lutter contre les nuisibles qui à l’état naturel seraient repoussés ou attirés par d’autres plantes.

Le chiffre d’affaires du marché de thé bio a augmenté de 10 % en 2017.  Toutefois, la production aux normes biologiques reste encore très minoritaire, soit entre 1 et 2% de la production chinoise notamment.

Quels sont les seuils de pesticides autorisés dans le thé ?

Une réglementation commerciale internationale pour le contrôle de la quantité de résidus de pesticides dans le thé existe. Les grands pays importateurs disposent tous de barèmes basés sur la notion de MRLs, en anglais Maximum Residue Limits (Limite Maximales de Résidus en français, soit LMR).

Chaque pays ou zone dispose de ses propres barèmes et maximums autorisés. Et parfois, ces maximums sont radicalement différents d’un pays à un autre avec des écarts pouvant aller de 1 à 40. La quantité de résidus est mesurée en milligramme par kilo.

Le tableau ci-dessous, extrait d’un rapport de la FAO (qui travaille à une harmonisation de ces LMR à l’échelle mondiale) recense quelques pesticides et leur niveaux de LMR.

tableau MRLs Thé

Le thé Bio, un point sur la certification

Pour être estampillé BIO, le thé vert bio ou le thé noir bio doivent se soumettre à un certain nombre de critères précis. La culture et le stockage des feuilles de thé doit se faire sans engrais chimique, sans herbicide ni pesticides de synthèse.

Pour être reconnu comme BIO et commercialisé comme tel, le thé bio doit faire l’objet d’une certification par un organisme indépendant dont c’est la spécialité. L’organisme certificateur donne un cahier des charges à respecter aussi bien par le producteur que par le distributeur.

Deux inspections sont ensuite réalisées par an pour chacune des 4 étapes :
– plantation et cueillette : pas d’utilisation d’engrais ni de pesticides chimiques etc…
– fabrication et usine : séparation des chaînes de fabrication entre produits bio et non-bio…
– entreposage en France : emballage répondant au cahier des charges de la certification…
– commercialisation en boutique : pas d’utilisation de produits détergeant chimiques à proximité des produits etc…

Qu’ils soient bio ou pas, tous les thés vendus en Europe sont contrôlés deux fois pour en évaluer la teneur en pesticides. Une première fois par la producteur lors de l’envoi de la marchandise. Une seconde fois par l’importateur pour vérifier et corroborer les tests du producteur.

Faut-il impérativement boire du thé bio ?

Le thé est un produit particulier. Contrairement à un fruit, il ne dispose pas de peau protectrice. Il n’est pas non plus lavé avant d’être emballé. Les pesticides peuvent donc être particulièrement résilient une fois ceux-ci posés sur une feuille de thé. Du fait que cette feuille de thé soit ensuite infusée dans de l’eau chaude, cela augmente le risque de diffusion de molécules chimiques de résidus de pesticides par la même occasion.

Toutefois, même les thés conventionnels (non bio) doivent s’astreindre à des limites (Voir le chapitre sur les LMR ci-dessus) qui peuvent être drastiques selon le type de pesticides.

Ceci dit, de nombreux petits producteurs issus de zones de production secondaires comme le Népal, le Vietnam ou le Rwanda élaborent des thés plus bio que bio car ils n’ont pas les moyens (techniques ou financiers) de se procurer des pesticides ou des engrais complexes et ils sont à des kilomètres d’autres plantations ou de villes polluées. Leur thé est donc 100% naturel, 100% sans pesticide sans toutefois se prévaloir de la certification idoine.

Des résidus de pesticides dans les thés bio

Une étude de « 60 Millions de consommateurs » largement diffusée lors de sa publication dénonçait la présence de pesticides dans les feuilles de thé de plusieurs grandes marques, même bio.

Certaines feuilles de thé contenaient jusqu’à 17 pesticides selon les marques. Toutefois, dans 99% des cas, ces quantités de résidus de pesticides étaient inférieures aux limites autorisées par la réglementation, y compris selon le cahier des charges du label BIO.

Selon l’étude de l’association, les thés noirs bio affichaient en moyenne 3,4 fois moins de résidus que les thés noirs classiques, et les thés verts bio comptaient une quantité de pesticides 2,2 fois inférieures aux thés verts classiques.

Quelles solutions pour limiter l’usage des pesticides dans le thé ?

L’usage des pesticides, insecticides et engrais chimiques reste un problème et un défi majeur pour notre civilisation. Heureusement des solutions existent. Nous avions publié un article sur la méthode utilisée par la plantation de thé Dong Son au Vietnam pour produire un thé bio : paillage du sol à base de restes de canne à sucre, utilisation de bâches au sol pour stopper le développement de mauvaises herbes, arrosage au goutte à goutte, utilisation de plantes auxiliaires pour favoriser la prolifération d’une faune coopérative (des arbres où vivent des chenilles dont les déjections servent d’engrais aux théiers par exemple)…

Au Japon, des solutions plus hi-tech sont mises en place. Un autre de nos partenaires, producteur de thé vert, utilise depuis 2003 une machine de sa conception, la Hurricane King. Cette machine propulse de l’eau sous pression et de l’air sur les théiers. Elle imite en cela le passage d’un typhon dont les fort vent sont capable de détacher les nuisibles de feuilles de thé. Les mauvaises herbes sont éradiquées par une autre machine qui projette de la vapeur d’eau au pied des théiers ce qui a pour effet de « cuire » ces mauvaises herbes qui se transforment en engrais organique disponible immédiatement sur place.

hurricane king

La « hurricane king » en action pour lutter contre les nuisibles sans endommager les théiers

 

Guillaume Devaux

A propos de l'auteur

Guillaume Devaux est le fondateur du Paradis du Thé et formateur au Conservatoire National des Arts et Métiers. Il est par ailleurs rédacteur spécialisé dans le domaine de la santé et du développement personnel depuis plus de 20 ans. Il collabore régulièrement avec des médecins, kinésithérapeutes et hypnothérapeutes pour développer une vision globale du bien-être.

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