Histoire du thé coréen : une culture millénaire

par | 24 Juil 2016 | Autres thés d'Asie

Plantation de thé en Corée du Sud

La Corée n’est pas un pays que l’on associerait d’emblée au thé. Et pourtant, à mi-chemin entre la Chine et le Japon, il a su se créer une identité propre – quoi que moins notable – au gré d’une histoire souvent mouvementée.

Le thé en Corée : des débuts prometteurs

Alors que le thé est de plus en plus populaire en Chine, des moines bouddhistes de retour d’un voyage d’études ramènent pour la première fois du thé en Corée. Nous sommes aux alentours du 7ème siècle. Mais la Corée est alors bien moins prompte que ses voisins chinois et japonais à embrasser une véritable culture du thé au sens général.

La culture du thé n’était encore que toute jeune sous la dynastie Koryo (918-1392). Des traces manuscrites attestent que le roi Tae Jo, premier souverain, offrait du thé à des moines Bouddhistes ainsi qu’à certains hauts-gradés militaires. Petit à petit la coutume d’offrir une petite boîte de thé aux défunts lors des rites funéraires s’est ainsi établie.

Le thé comme rituel

Les Bouddhistes sont bien sûr – comme ailleurs – les champions acquis à la cause du thé qui éclaircit l’esprit et permet de garder une attention affutée lors des longues séances de méditation.

Sous la dynastie Koryo, le thé fut de plus en plus offert lors de cérémonies rituelles honorant les montagnes, les rivières, les saisons…

Et ceci si bien que – contrairement au Japon et en Chine, ou le thé fut d’abord approprié par les élites – toutes les classes de coréens buvaient du thé, et l’utilisaient en vue de faire des offrandes appelées Hon-Ta – aux statues du Bouddha.

Le thé comme outil de pouvoir

Hélas, la fin de la dynastie Koryo en 1392, remplacée par celle de Choson, la famille Yi au faite de son pouvoir remplaça l’idéal Bouddhiste par un confucianisme radical. En guise de représailles, le gouvernement instaure une taxe sur le thé, forçant les monastères à détruire leurs plantations.

A la fin du 16ème siècle, seuls quelques champs de thé subsistaient en Corée. Bientôt presque tous rasés suite à la Guerre de 7 Ans avec la Japon qui laissa une Corée dévastée. Des milliers de potiers furent envoyés de force en exil au Japon pour y pratiquer leur art. Raison invoquée pour expliquer l’avance dès lors prise par le Japon en matière de céramique, au détriment de la Corée.

La fin du 18ème siècle marque un regain d’intérêt pour le thé en Corée de même que pour le bouddhisme. Le moine Cho-ui Seonsa (1786–1866) connu comme « le Saint du thé Coréen » enseigne la voie du thé à de nombreux aristocrates désireux d’en finir avec les rigidités confucéennes. Il est aujourd’hui célèbre en Corée pour sa composition « DongChaSong », « Hymne au thé coréen ».

Guerres et paix

Hélas, le destin s’acharne contre la Corée. En 1910, le pays revient dans le giron japonais. Le thé est une nouvelle fois opprimé. Ce n’est qu’en 1945, lorsque le pays retrouve son indépendance, que le thé peut à nouveau y retrouver des couleurs. Un homme va y participer activement : le Vénérable Hyo Dang.

En 1973, il publie le premier grand traité moderne sur le thé, « La voie du thé coréenne ». Il codifia également le Panyaro, un mode de vie et de préparation du thé selon une philosophie basée sur le naturel, la gratitude et l’esprit d’ouverture. De nos jours, le Panyaro Tea Institute for the Way of Tea situé à Séoul est une référence absolue en matière de théiculture.

De belles plantations de thé sont établies au sud de la Corée, dans la province de Jeolla du Sud dans les comtés de Haenam, Yeongam – en particulier le Mont Wolchul – et Janseong. L’ile de Chejun à une trentaine de Km au large de la péninsule coréenne offre également de belles conditions pour obtenir un thé de qualité.

La première récolte de la saison a lieu avant le 20 avril en vertu d’une division calendaire basée sur les rythmes solaires et lunaires. On la désigne sous le nom de Ujeon et elle se compose d’un bourgeon et d’une feuille. Suit ensuite « Sejak » la seconde récolte et ainsi de suite.

J’ai ajouté ci-dessous une vidéo de démonstration de la cérémonie du thé coréenne.

Guillaume Devaux

A propos de l'auteur

Guillaume Devaux est le fondateur du Paradis du Thé et formateur au Conservatoire National des Arts et Métiers. Il est par ailleurs rédacteur spécialisé dans le domaine de la santé et du développement personnel depuis plus de 20 ans. Il collabore régulièrement avec des médecins, kinésithérapeutes et hypnothérapeutes pour développer une vision globale du bien-être.

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