Le Sri Lanka – aussi connue sous le nom de Ceylan – c’est une ile magnifique de 65.000 Km2 de superficie, un pays tropical dont les régions d’altitudes sont néanmoins fraîches. Parfait pour un thé de qualité. Et en contre-bas des vallées luxuriantes, un autre trésor existe : la cannelle de Ceylan dont les plantations existent depuis l’ère hollandaise en 1769.
Rapide histoire du thé de Ceylan
Les premières graines et boutures de thé du Sri Lanka sont importées de Chine en 1824 et d’Assam en 1839. La culture commerciale du thé commence doucement en 1870 pour remplacer les caféiers détruits par une épidémie parasitaire de Hemileia vastratix. Le cacao est lui aussi dévasté par un insecte. Autant dire que le thé est une bénédiction pour la population du Sri Lanka.
L’écossais James Taylor lance les hostilités. Il établit la première plantation commerciale en 1867 à Loolecondera dans le district de Kandy, à peine 8 Km2. Il lui faudra attendre 1872 pour qu’il enregistre sa première vente de thé et 1873 pour que sa première livraison de 10 Kg arrive à Londres. Vous avez dit opiniâtre ?
Plus tard en 1890, James Taylor rencontre un certain Thomas Lipton avec qui il fait affaire. Thomas Lipton a fait fortune au Royaume-Uni en développant une chaine d’épiceries (plus de 300 échoppes). Il a l’intuition géniale que le thé va devenir un produit de grande consommation. Il décide de supprimer les intermédiaires – ce qui est sa stratégie pour de nombreux autres produits – en achetant directement le thé sur place.
Le développement massif de la culture du thé au Sri Lanka est lié à 2 innovations techniques majeures. On parle des prémisses de la mécanisation :
– la chambre de séchage « Sirocco » de Samuel Davidson en 1877
– la machine à rouler de John Walker en 1880
S’en suit la fabrication de la première usine de production totalement intégrée en 1884 dans le jardin de Fairyland à Nuwara Eliya.
Les producteurs ne tardent pas à s’organiser sous la férule de la Ceylon Planters Association, toujours en activité aujourd’hui. La construction de routes et de voies ferrées est le résultat direct de leur lobbying. Le thé a littéralement façonné le pays en le forçant à s’ouvrir sur l’extérieur.
En 1934, une loi interdit l’export de thé de piètre qualité, signe évident d’une volonté farouche de produire un thé de qualité.
Les anglais font venir d’Inde des Tamouls pour travailler dans leurs exploitations. Ce processus avait en fait déjà commencé pour l’exploitation du café. Aujourd’hui, ce sont leurs descendants qui sont aux commandes.
En 1972, l’ile change de nom pour devenir le Sri Lanka mais l’appellation Ceylan (Ceylon en anglais) demeure en tant que marque de réputation mondiale. Néanmoins, l’ensemble des plantations sont nationalisées. La quantité prime sur la qualité. Heureusement, les autorités font marche arrière 20 ans plus tard avec la re-privatisation et un retour à la qualité. L’appellation Thé de Ceylan est restée du nom de la colonie anglaise annexée en 1802 par les sujets de Sa Majesté.
Le cueillette du thé du Sri Lanka est réalisée exclusivement par des femmes. L’âge minimum légal pour travailler est de 12 ans. 20 kilos de feuilles récoltées s’échangent contre 3 à 5 dollars. Suivront une dizaines d’heures de flétrissage puis le roulage pendant 3 heures et enfin le séchage pendant 20 minutes à 110 °C.
Hélas, les conditions de travail des employés des plantations sont loin de s’améliorer avec le temps. Le taux de pauvreté des travailleurs a même tendance à augmenter. Il est passé de 22% à 34% sur le district de Nuwara Eliya de 2002 à 2007. Pourtant, la production de thé dépend étroitement de leur force de travail, le Sri Lanka restant un pays ou la cueillette mécanisée n’a pas supplanté la cueillette manuelle.
En 2013, 340.000 tonnes de thé ont été produites, et exportées à 95%. La France en importe 870 tonnes. La Russie 45.000 tonnes. 10% des emplois du pays en dépendent. Un revenu de 700 millions de dollars annuels réparti entre 700 centres de production.
7 régions de production principales
Les différentes régions (ou districts) productrices de thé du Sri Lanka sont :
– Nuwara Eliya : à 2000 mètres d’altitude, réputée comme la meilleure appellation, récolte de février à avril. Surnommée Little England avec ses cabines téléphoniques rouges, son golf, ses immeubles victoriens… Allez-y en train, gare de Nanuoya pour profiter de panoramas étourdissants. Vous pouvez y visiter l’usine Macwoods Labookellie de 8 à 18h, située sur l’A5, 5 Km avant Nuwara Eliya.
– Dimbula: 1200 à 1700 mètres, récolte de janvier à mi-mars mousson oblige.
– Uva : 1000 à 1700 mètres, dont les thés sont utilisés dans de nombreux mélanges (blend) de bonne qualité. Récoltes de juin à septembre. Un thé sensiblement moins corsé sur ses confrères.
– Uda Pussellawa à 1200 mètres
– Kandy 650 à 1300 mètres (« middle grown ») exporté vers Europe et la France en particulier, Australie. C’est ici que les premières plantations ont été réalisées.
– Ruhuna 0 à 600 mètres (« low grown ») exporté principalement vers le moyen-orient
– Sabaragamuwa
Comme pour l’Inde, les plantations sont organisées en jardin dont le nom est précisé si il ne s’agit pas d’un mélange. La plupart des cueillettes sont de grade Orange Pekoe.
Si le thé de Ceylan est majoritairement du thé noir, il existe également du thé vert produit dans la province de Uva. Il emprunte la classification chinoise. On trouve ainsi du Gunpowder ou du Chun Mee. La demande mondiale pour le thé vert augmentant, il est probable que le pays fasse tout pour réponde à la demande. On y trouve aussi du thé blanc du jardin Handunugoda.
Pour terminer cet article en beauté, je vous propose quelques photos de plantations de thé dans le centre sud du Sri Lanka, vers Nurawa Eliya. Certaines sont prises directement depuis le train qui traverse de nombreuses plantations de thés middle grown.
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