Les 11 règles d’or de Georges Orwell pour une tasse de thé parfaite

par | 26 Sep 2014 | Histoire du thé

Photo de George Orwell

George Orwell

En 1946, George Orwell, romancier et journaliste anglais, a publié un essai dans le quotidien Evening Standard intitulé « A Nice Cup of Tea » (Une belle tasse de thé). Cet essai énonce les 11 règles d’or d’Orwell pour bien préparer le thé… à la façon anglaise.

A l’époque, les livres de cuisine ne donnent pas beaucoup de détails sur l’art de prendre une tasse de thé, alors que le thé a contribué au développement de la civilisation de plusieurs pays. Bien que certains points de ces 11 règles énoncées ci-après soient sujets à controverse, Orwell les considère quand même comme des « règles d’or ». Voilà leur traduction :

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1- Le thé doit être en premier lieu indien ou ceylanais. Il est vrai que le thé chinois possède des vertus qui ne sont pas les moindres de nos jours – il est économique, et l’on peut le boire sans lait –, mais il manque de stimulation. En effet, on ne se sent pas plus sage, plus courageux ou plus optimiste après avoir bu du thé chinois. Quiconque ayant déjà utilisé cette expression réconfortante « une belle tasse de thé » a sûrement bu du thé indien. (NDLR : un brin chauvin George, le thé chinois me fait me sentir très sage)

2- Il faut préparer le thé en petite quantité, c’est-à-dire dans une théière. Tandis que le thé préparé dans une urne est insipide, le thé de l’armée, préparé dans un chaudron, produit un goût de graisse et de lait de chaux. La théière doit être faite en porcelaine ou en faïence. Si les théières en argent ou en britannium produisent des thés de qualité moindre, les théières en émail ne font pas mieux. Curieusement, une théière en étain (une rareté de nos jours) n’est pas si mal.

3- Il est important de préchauffer la théière, en la plaçant sur une plaque de cuisson, au lieu de la mettre dans de l’eau chaude.

4- Le thé doit être fort. Pour une théière tenant un quart, s’il doit être rempli à ras bord, six bonnes à cuillères à café seraient à peu près correctes. Je maintiens qu’une tasse de thé fort est mieux que vingt tasses de thé faible. Non seulement tous les véritables amateurs de thé préfèrent leur thé fort, mais ils le préfèrent toujours un peu plus fort avec les années qui passent.

5- Le thé doit être versé directement dans la théière. Les filtres, sacs de mousseline ou autres dispositifs emprisonnant le thé sont à proscrire. Dans certains pays, les théières sont équipées de petits paniers qui pendent sous le bec pour attraper les feuilles de thé, qui sont censées être nocives. En fait, on peut avaler des feuilles de thé en quantités considérables sans le moindre effet secondaire. En outre, si les feuilles de thé ne sont pas versées dans la théière, le thé ne s’infuse pas correctement.

6- C’est la théière qui va à la bouilloire et non l’inverse. L’eau doit être littéralement bouillante au moment de l’impact, ce qui implique de la laisser sur le feu pendant que l’on verse. Certaines personnes ajoutent qu’il ne faut utiliser que de l’eau qui a été fraîchement portée à ébullition.

7- Après avoir préparé le thé, il faut remuer, ou mieux, secouer la théière, ce qui permet ensuite aux feuilles de se reposer.

8- Il faut savourer le thé avec une bonne tasse « déjeuner » – une tasse cylindrique et non une tasse plate et peu profonde. Si la tasse « déjeuner » retient la chaleur du thé, le thé contenu dans une tasse plate refroidit avant qu’on ne l’ait savouré.

9- Il faut écrémer le lait avant de l’utiliser pour le thé. Le lait est trop crémeux donne toujours un goût écœurant au thé.

10- Il faut verser le thé en premier dans la tasse. Cette procédure est l’un des points les plus controversés en Grande-Bretagne et dans l’art du thé en général. Cependant, en versant le thé en premier, il est ensuite plus facile de réguler la quantité de lait à verser dans le thé, alors que si l’on verse le lait en premier, il est possible que l’on mette trop de lait.

11- Enfin, le thé – sauf si on le boit dans le style russe – doit être savouré sans sucre. En effet, mettre du sucre dans un thé équivaut à y mettre du sel ou du poivre. Tout comme la bière, le thé est censé être de goût amer. Si l’on met du sucre dans le thé, on ne déguste pas du thé, mais du sucre, ce qui équivaut à savourer du sucre dans de l’eau chaude. Certaines personnes ne n’aiment pas le thé en soi, ils en boivent pour la chaleur et la stimulation, et ils ont besoin de sucre pour dissiper le goût original du thé. Que ces personnes essayent de déguster du thé sans sucre pendant environ 15 jours, et ils n’auront plus, par la suite, envie détruire le goût du thé avec des édulcorants.

Ce ne sont pas les seuls points controversés au sujet de la dégustation du thé, mais elles sont suffisantes pour montrer l’importance de l’évolution de cet art, ainsi que le sujet concernant la mystérieuse étiquette sociale entourant la théière (pourquoi, par exemple, est-il considéré comme vulgaire de boire dans votre soucoupe ?).

En outre, de nombreux articles pourraient être écrits à propos d’autres utilisations des feuilles de thé : pour dire de la bonne aventure, prédire l’arrivée de visiteurs, nourrir les lapins, guérir des brûlures, nettoyer des tapis… Il est important de ne pas oublier les petits détails, tels que le préchauffage de la théière et l’utilisation d’eau bien bouillante, afin d’obtenir vraiment ce qu’on appelle « une belle tasse de thé ».
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Merci George !!!

Guillaume Devaux

A propos de l'auteur

Guillaume Devaux est le fondateur du Paradis du Thé et formateur au Conservatoire National des Arts et Métiers. Il est par ailleurs rédacteur spécialisé dans le domaine de la santé et du développement personnel depuis plus de 20 ans. Il collabore régulièrement avec des médecins, kinésithérapeutes et hypnothérapeutes pour développer une vision globale du bien-être.

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