Yabukita : ce cultivar qui a révolutionné le thé au Japon

6 Jan 2016 | Thés du Japon

Le cultivar est au thé ce que le cépage est au vin, c’est à dire un hybride façonné par la main de l’homme au moyen de savants croisements en vue d’obtenir un arbre aux qualités spécifiques.

Le Japon compte aujourd’hui 55 cultivars officiels. Le principal est le Yabukita. En 2010 il représentait 75% des théiers plantés au Japon, allant même jusqu’à 90% pour la préfecture de Shizuoka.

Il était une fois le Yabukita

L’histoire veut qu’un planteur du nom de Sugiyama Hikosaburo réalisait des expérimentation sur divers plants de théiers. Celui planté au nord (Kita en japonais) d’un bosquet de bambous (takeyabu en japonais) donna les meilleurs résultats.

Ce n’est qu’en 1956 qu’un laboratoire de Shizuoka enregistra ce cultivar n°6 – après 2 ans de tests divers – et en recommanda l’usage dans la région pour ses qualités d’adaptation aux conditions locales.

Tout s’est accéléré dans les années 70. La consommation de thé au Japon explose et dépasse la production locale. Du thé de Taiwan est massivement importé pour combler ce manque. Dans le même temps, de plus en plus d’ouvriers agricoles quittaient les champs pour rejoindre les villes en plein essor. Résultat : les planteurs de thé japonais ont cherché à mécaniser au maximum leur production. Pour y arriver, ils avaient besoin de théiers uniformes, à la croissance identique. C’est à cette époque que la culture par clonage/bouturage s’est développée au détriment de la germination.  Le cultivar Yabukita avait tout pour plaire.

Yabukita: un cultivar de combat

En effet, le cultivar Yabukita est résistant aux hivers froids, offre une productivité interessante et est capable de s’adapter à de nombreux types de climats et de sols. D’ailleurs, les plantations de Shizuoka sont parmi les plus septentrionales du monde avec des hiver rigoureux, conditions idéales pour faire le bonheur de Yabukita !

Les théiers Yabukita arrivent à maturité à l’âge de 4 ans et restent productifs pendant 45 ans. Leur résistance aux basses températures en font un excellent investissement, c’est à dire pas trop risqué pour les planteurs, raison de son succès fulgurant.

Il est intéressant de constater que les théiers Yabukita ont été massivement plantés dans les années 70. En 2015, nous avons donc atteint l’âge de la retraite pour ces glorieux anciens.

Des inconvénients aujourd’hui rédhibitoires

Le yabukita n’a cependant pas que des avantages. Ses détracteurs ne manquèrent pas de signaler sa dépendance importante aux pesticides et aux engrais. Avec l’impact que l’on sait sur l’environnement et sur les coûts de production qui augmentèrent significativement  avec son adoption.

➤ Lire aussi : Kabusecha, l’autre thé ombré du Japon

Cette prédominance du Yabukita pose quelques soucis liés à l’uniformisation des cultures. Un même parasite pourrait alors causer de sérieux dégâts. Le réchauffement climatique pose déjà quelques problèmes et la plupart des producteurs ont commencé à exploiter plus de variétés. C’est un plus pour le consommateur qui voit s’offrir à lui une nouvelle palette de goûts.

Autre inconvénient de l’usage d’un cultivar unique : il n’y a pas d’étalement dans le temps de la production. Les feuilles arrivent à maturité en même temps ce qui créé un engorgement en période de pointe.

Cet engorgement est renforcé par le fait que le Yabikuta perd très rapidement ses qualités gustatives en fin de période végétative. La plage de cueillette idéale est réduite ce qui impose une surveillance des plants comme le lait sur le feu.

La plupart des sencha supérieurs du Japon sont encore produits à partir de Yabukita, ainsi que certains gyokuro. Cependant, de plus en plus de gyokuro, matcha ou kabusecha sont produits à partir de cultivars dédiés à la culture ombrée, notamment Gokô et Sae-midori.

Les planteurs utilisent désormais des cultivars hâtifs et d’autres plus tardifs. On rencontre de plus en plus de cultivars alternatifs tels que le Sayamamidori ou le Kanayamidori.

L’âge d’or du Yabukita touche donc peut-être à sa fin d’autant plus que les progrès de la génétique tendent vers l’arrivée de nouveaux cultivars plus productifs et/ou nécessitant moins d’entretien. Ils sont également plus résistants à diverses maladies telles que l’anthracnose (Colletotrichum sp.), le champignon « gray blight » (Pestalotiopsis sp.) ou au Pseudaulacaspis pentagona etc…

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