La meilleure et la pire tisane d’allaitement selon la science

par | 4 Mar 2024 | Thé et santé

maman avec son bébé

Les spécialistes sont unanimes : le lait maternel est la meilleure alimentation possible pour un nouveau-né. L’OMS conseille un allaitement exclusif pendant au moins 6 mois. Toutefois, il arrive que la production de lait soit retardée où s’amenuise. La solution souvent proposée est de boire une tisane d’allaitement. Nous avons voulu passer au crible cette recommandation pour savoir si les études scientifiques la confirment ou non.

Les meilleures plantes galactagogues pour la lactation

Une tisane allaitement est constituée de plantes « galactagogues ». Cela signifie qu’elles favorisent la sécrétion de lait. On parle aussi de tisanes galactogènes.

Les plantes généralement utilisées dans les tisanes d’allaitement sont :

  • le fenugrec (Trigonella foenum-graecum)
  • le fenouil en graines (Foeniculum vulgare)
  • l’ortie
  • la verveine (Verbena officinalis)
  • le carvi (Carum carvi)
  • le galéga (Galega officinalis)
  • les germes de luzerne
  • le chardon béni
  • l’anis vert (Pimpinella anisum)
  • le gingembre

Les bienfaits de ces plantes dans le cadre d’une utilisation traditionnelle sont variables. La lactation peut se manifester du jour au lendemain… ou pas du tout.

Les tisanes d’allaitement contiennent souvent d’autres plantes pour en améliorer le goût. On y ajoute notamment du thym, de la menthe, de la fraise, des framboises ou des fruits rouges qui apportent par ailleurs d’autres bienfaits.

Le fenugrec améliore le volume et la qualité du lait maternel

Le fenugrec est une graine qui pousse dans la région méditerranéenne. C’est l’ingrédient clef de nombreuses tisanes d’allaitement. Son principal défaut est qu’il est très amer. On y ajoute donc d’autres ingrédients pour en masquer le goût qui est, il est vrai, infect.

La Commission E allemande – qui fait référence en matière de validation des aliments – approuve l’usage des graines de fenugrec mais uniquement pour stimuler l’appétit.

Une étude américaine publiée dans le « Journal of alternative and complementary medicine » en 2011 s’est penchée sur les effets galactogènes de la tisane de fenugrec et sur son utilisation lors de la première semaine du nourrisson. Selon les résultats de l’étude, les enfants dont les mères ont consommé une tisane à base de fenugrec ont retrouvé leur poids de naissance plus rapidement que ceux du groupe placebo. Le volume de lait produit par les mamans consommant du fenugrec était significativement plus élevé.

Une étude iranienne arrive à la même conclusion quant eux effets positifs de tisanes contenant du fenugrec sur le poids des nourrissons. L’étude portait sur des bébés âgés de 0 à 4 mois. L’étude conclut qu’au bout de 4 semaines, le poids des enfants nourris au lait dont les mères ont consommés des tisanes à base de fenugrec était en augmentation significative.

Le fenouil est déconseillé pendant l’allaitement

graines de fenouil

Le fenouil en graines est l’autre ingrédient qui était souvent recommandé de façon traditionnelle en guise de tisane pour l’allaitement. Il s’agit d’une herbe au goût de la réglisse ou d’anis. En herboristerie, le fenouil est utilisé pour soulager les troubles digestifs et les ballonnements ainsi que pour son effet diurétique. Il aurait aussi un effet sur l’équilibre hormonal féminin notamment pendant l’allaitement.

Toutefois, l’Agence Européenne du Médicament déconseille désormais la tisane de fenouil aux femmes allaitantes et aux enfants de moins de 4 ans. Le problème vient de sa concentration d’estragol, un composé qui, à haute dose, est potentiellement cancérigène et qui peut provoquer des lésions sur les reins et le foie.

L’AEM explique qu’il y a parfois un taux très élevé d’estragol dans les préparations à base de fenouil. Dans les infusions étudiées, ce taux oscillait entre 78 et 4633 microgrammes par litre. Mais la dose maximale recommandée est d’un microgramme par kilogramme de poids corporel. Par exemple, une femme de 55 kg ne devrait pas consommer plus de 55 microgrammes d’estragol par jour.

Cette découverte est une vraie révolution dans les maternités. Une étude iranienne publiée en 2014 montrait qu’une tisane de 7,5 gr de fenouil en poudre dans du thé noir a été administrée à des mamans 3 fois par jour pendant 4 semaines améliorait le poids des bébés nourris au lait maternel.

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Utiliser une tisane d’allaitement multi-plantes

Une étude nigérienne s’est intéressée aux effets bénéfiques pour la lactation chez les femmes ayant eu un bébé prématuré, d’une tisane d’allaitement à base d’ortie, mélisse, carvi, fenouil, rue des chèvres (galéga) et citronnelle. Les résultats indiquent une augmentation de la quantité de lait produit lors de la première semaine de prise. L’étude précise que la quantité de lait était en augmentation de 80% pour le groupe de mamans consommant la tisane.

Boire plus n’améliore pas forcément la lactation

Un conseil fréquent adressé aux femmes allaitant est de boire beaucoup d’eau pour favoriser la production de lait.

La Haute Autorité de Santé (HAS) propose une étude de 164 pages très complète sur l’allaitement. Elle ne corrobore pas cette recommandation. Elle précise que « le rapport entre la quantité de liquides absorbés par la mère et la production de lait n’a pas été mis en évidence » par des études scientifiques.

On ne détecte pas « d’augmentation significative du volume de lait produit par des mères de nourrissons bien portants âgés de 3 à 4 mois avec une augmentation de leur quantité de boissons d’au moins 25 % après 3 ou 7 jours ».

Ceci dit, une bonne hydratation est évidemment d’une importance capitale pour tout un chacun.

Des aliments favorisent-ils la lactation ?

Au delà d’une tisane d’allaitement, d’autres aliments seraient bénéfiques pour l’allaitement selon l’usage traditionnel. Un usage à valider par des études scientifiques dont nous n’avons pas trouvé trace.

  • L’ail est un aromates recommandé pour optimiser la quantité de lait maternel.
  • La levure de bière est un complément alimentaire qui pourrait favoriser l’augmentation de la production du lait maternel.
  • Le gingembre

Les bienfaits de l’allaitement

La HAS indique que l’allaitement a pour l’enfant un effet protecteur vis-à-vis des infections gastro-intestinales et dans une moindre mesure vis-à-vis des infections ORL et respiratoires.

Les bénéfices pour la mère sont moins clairement identifiés. La HAS mentionne une possible protection envers le cancer du sein en période préménopausique, le cancer de l’ovaire et l’ostéoporose.

Ce que l’on nomme « montée de lait » désigne le moment où le lait évolue progressivement du colostrum au lait maternel. Ce processus commence avec la chute des hormones après l’expulsion du placenta. La prolactine est libérée et stimule la lactation. La montée de lait survient en moyenne généralement 30 à 40 heures après l’accouchement.

Le contact physique entre la mère et l’enfant favorise la montée de lait. Le contact de la peau dès la salle d’accouchement puis aussi souvent que possible par la suite favorise la montée de lait. De même, une tétée précoce juste après la naissance facilite la qualité de la montée de lait.

Peut-on boire du thé ou du café pendant l’allaitement ?

La HAS précise que la consommation de café ou de boissons riches en caféine ne semble pas avoir d’effets mesurables chez le nouveau-né. Toutefois, en raison du métabolisme lent de la caféine chez le nouveau-né et du risque d’accumulation de caféine, il est recommandé que les quantités absorbées restent inférieures à 300 mg/jour soit 2 à 3 tasses de café.

Point intéressant, l’étude indique que « la présence de caféine ne modifie pas la composition du lait maternel et aurait tendance à stimuler sa production. »

💡 En savoir plus sur les effets de la caféine sur l’organisme

Guillaume Devaux

A propos de l'auteur

Guillaume Devaux est le fondateur du Paradis du Thé et formateur au Conservatoire National des Arts et Métiers. Il est par ailleurs rédacteur spécialisé dans le domaine de la santé et du développement personnel depuis plus de 20 ans. Il collabore régulièrement avec des médecins, kinésithérapeutes et hypnothérapeutes pour développer une vision globale du bien-être.

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