Comprendre le complexe d’infériorité : symptômes, tests, solutions

par | 18 Jan 2023 | Bien-être et relaxation

complexe d'infériorité

Avez-vous une bonne image de vous-même ?

Cette question simple a été posée à plus de 2000 français.e dans le cadre d’un sondage publié en 2018.(1)

47% des personnes interrogées étaient d’accord.
18% n’avaient pas une bonne image d’eux-même.

Autrement dit, près de 1 personne sur 5 souffre d’un problème d’estime de soi. Il peut donc s’agir de vous, ou de quelqu’un de votre entourage direct.

Selon une autre étude, le baromètre « Confiance et bien-être » de 2019 réalisé par l’institut de sondage Opinion Way, le niveau d’estime de soi des français s’établissait à un score 57 sur 100 et il est en baisse significative.

Il nous arrive à tous de nous inquiéter de nos capacités. Il est normal de se demander si on est à la hauteur des autres ou de se sentir incompétent par moment. Mais quand ces sentiments deviennent quotidiens et chroniques, c’est qu’il y a une blessure profonde.

Le complexe d’infériorité est un sentiment persistant d’insuffisance ou de manque de valeur. Le terme est aujourd’hui un peu désuet. Les professionnels de la santé mentale parlent plutôt d’une « faible estime de soi chronique ».

Dans cet article, nous faisons un point sur le complexe d’infériorité. Comment il se manifeste (ses symptômes), comment on peut le diagnostiquer et ce qu’il est possible de faire pour en sortir. Nous cherchons au maximum à nous baser sur des publications scientifiques reconnues pour étayer cette analyse.

Qu’est-ce que le complexe d’infériorité ?

L’American Psychological Association définit le complexe d’infériorité comme « un sentiment fondamental d’inadéquation et d’insécurité, découlant d’une déficience physique ou psychologique réelle ou imaginaire ».

C’est le psychanalyste Alfred Adler qui a inventé ce terme en 1907. Il cherchait à comprendre pourquoi tant de personnes semblaient manquer de motivation pour agir dans leur propre intérêt et essayer d’atteindre leurs objectifs.

Le complexe d’infériorité peut se manifester par des pensées négatives envers soi-même, des peurs de rejet ou de critiques, des difficultés à prendre des décisions et à s’affirmer, et un manque de confiance en soi.

Ce sentiment peut avoir un impact notable sur les relations sociales, les performances professionnelles et la qualité de vie globale.

Le complexe d’infériorité n’est pas une maladie mentale mais il peut être lié à certains troubles mentaux tels que la dépression et/ou une forte anxiété.

👉 Vous pouvez aussi être quelqu’un d’hypersensible. Découvrez-le ici.

Comment savoir si on a un complexe d’infériorité ?

Un complexe d’infériorité se caractérise par une tendance à :

  • Se focaliser de façon obsessionnelle sur des pensées dérangeantes
  • Se renfermer sur soi par honte, culpabilité, embarras ou sentiment de défaite intérieure
  • S’éloigner de ses proches
  • Rabaisser les autres pour leurs transférer un sentiments d’échec personnel.

Selon Susan Krauss Whitbourne, professeur émérite de sciences psychologiques et cérébrales à l’université du Massachusetts, les signes d’un manque d’estime de soi chronique peuvent aussi être de :

  • Se sentir responsable des échecs des autres.
  • Rechercher l’attention et la validation en prétendant être malade, déprimée ou en ramenant continuellement la conversation sur soi.
  • Éviter tout type de compétition pour ne pas être directement comparés aux autres sur une base objective
  • Être extrêmement sensibles aux compliments et aux critiques
  • Être perfectionniste à l’extrême.

Causes du complexe d’infériorité

Les recherches indiquent que les comportements associés à un complexe d’infériorité résultent d’une combinaison de facteurs, notamment :

Une prédisposition génétique

Une étude (2) montre que les personnes qui ont hérité d’une variation génétique des récepteurs de l’ocytocine, une hormone qui contribue aux émotions positives, se sentaient moins optimistes, avaient une plus faible estime de soi et ressentaient moins de maîtrise personnelle que les autres.

L’environnement familial et l’éducation

Les parents notamment ont un impact important sur l’exacerbation ou l’atténuation d’une tendance génétique à douter de soi. Un enfant peut intérioriser des critiques répétées du type « tu es bon à rien » etc.

Les normes de la société

Les normes et les stéréotypes irréalistes des publicités ou des réseaux sociaux peuvent créer ou renforcer un doute en ses capacités. Les personnes qui ont une très faible estime d’elles-mêmes ont tendance à se comparer davantage aux autres et surtout à ceux qui paraissent avoir mieux réussi.

Comment diagnostiquer un complexe d’infériorité ?

Le complexe d’infériorité n’est pas un trouble de santé mentale diagnostiquable.

Les spécialistes considèrent la faible estime de soi comme un symptôme d’autres problèmes psychologiques, tels que les troubles anxieux et dépressifs. Une méta-analyse de grande ampleur a montré qu’une faible estime de soi est un facteur clé dans le développement et le maintien de la dépression. (3)

Quelques questions peuvent vous aider à faire le point sur votre niveau d’estime de soi :

  • Est-ce que vous vous sentez souvent inférieur aux autres?
  • Est-ce que vous avez souvent peur d’être rejeté ou critiqué?
  • Est-ce que vous avez souvent des pensées négatives sur vous-même?
  • Est-ce que vous avez souvent des difficultés à prendre des décisions ou à exprimer vos opinions?
  • Est-ce que vous avez souvent tendance à minimiser vos réussites ou à les attribuer à la chance?
  • Est-ce que vous avez souvent des difficultés à accepter les compliments ?
  • Est-ce que vous avez des difficultés à vous fixer des objectifs ambitieux pour vous-même?
  • Est-ce que vous avez souvent des difficultés à vous affirmer face aux autres?

⚠️ Il est important de noter que les questionnaires de ce type ne peuvent pas diagnostiquer une maladie mentale, il est important de consulter un professionnel de la santé pour une évaluation complète et approfondie.

Comment résoudre et surmonter un complexe d’infériorité ?

Plusieurs traitements et solutions sont proposés pour résoudre cette situation.

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)

Selon James Maddux, psychologue et auteur du livre « Subjective Well-Being and Life Satisfaction », il existe « des tonnes de preuves de l’efficacité de la TCC » et de préciser que la TCC permet « d’apprendre aux gens à examiner les pensées et les sentiments négatifs qu’ils éprouvent sur le moment et à les modifier petit à petit au fil du temps en vérifiant leur validité. »

Le but est d’être capable d’identifier seul ce que l’on appelle une « distorsion cognitive ».
Il s’agit de schémas de pensée qui abîment l’estime de soi.

Selon la Clinique Mayo (4), il existe plusieurs de ces schémas :

  • Pensée du « tout ou rien » : voir les situations soit toutes bonnes, soit toutes mauvaises, sans juste milieu ni équilibre.
  • Filtrage mental : se concentrer uniquement sur les aspects négatifs d’une unique situation et s’imaginer quelle est déterminante. Exemple : « Si je perds ce match, tout le monde saura que je suis nul ».
  • Transformation du positif en négatif : transformer des réussites en échecs. Exemple : « J’ai réussi cette tâche grâce à la chance, ça ne ne se reproduira pas ».
  • Tirer des conclusions hâtives : voire les choses sous un prisme négatif avec très peu de preuves tangibles. Exemple : « Mon ami est passé devant chez moi sans dire bonjour, j’ai dû faire quelque chose pour la fâcher. ».
  • Confondre des sentiments avec des faits : par exemple « j’ai peur de cet entretien, je ne suis pas à la hauteur. »

La thérapie par la parole (psychothérapie)

La psychothérapie peut aider à gérer un complexe d’infériorité en aidant à identifier et à comprendre les pensées et les croyances profondes qui alimentent le sentiment d’infériorité.

Le thérapeute peut également aider la personne à développer des techniques de coping pour gérer ces pensées et ces croyances, ainsi qu’à renforcer leur estime de soi et leur confiance en soi. Il peut également les aider à identifier les sources de leur complexe d’infériorité, y compris des expériences passées, et à travailler à les surmonter.

Études citées sur le complexe d’infériorité

1- Statista. Sentiment personnel des Français vis-à-vis de leur image 2018.
https://fr.statista.com/statistiques/661005/estime-de-soi-france/

2- Oxytocin receptor gene (OXTR) is related to psychological resources
Shimon Saphire-Bernstein, Baldwin M. Way, Heejung S. Kim and Shelley E. Taylor
https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1113137108

3- Does low self-esteem predict depression and anxiety? A meta-analysis of longitudinal studies. https://psycnet.apa.org/record/2012-16517-001

4- Self-esteem: Take steps to feel better about yourself https://www.mayoclinic.org/healthy-lifestyle/adult-health/in-depth/self-esteem/art-20045374

5- What is Psychotherapy ? https://www.psychiatry.org/patients-families/psychotherapy

Guillaume Devaux

A propos de l'auteur

Guillaume Devaux est le fondateur du Paradis du Thé et formateur au Conservatoire National des Arts et Métiers. Il est par ailleurs rédacteur spécialisé dans le domaine de la santé et du développement personnel depuis plus de 20 ans. Il collabore régulièrement avec des médecins, kinésithérapeutes et hypnothérapeutes pour développer une vision globale du bien-être.

Ces articles pourraient vous intéresser