Le bouleau est un arbre étonnant. En France, il est extrêmement courant dans la plupart des régions. En tant qu’arbre précurseur, c’est le premier à repousser après un feu de forêt. Et la bonne nouvelle c’est que les bienfaits du bouleau sont nombreux et bien documentés. On peut en consommer aussi bien les feuilles que la sève ou même l’écorce.
Il est surtout utilisé comme diurétique
La richesse des feuilles de bouleau, notamment en flavonoïdes, en acide bétulique et en huile essentielle à sesquiterpènes et salicylate de méthyle leur confère des propriétés diurétiques souvent préconisés dans les maladies des voies urinaires comme les cystites, urétrites…
L’Agence européenne du médicament reconnait l’usage traditionnel du bouleau (Betula pendula) à partir de l’âge de 12 ans pour « augmenter le volume des urines émises pour un lavage des voies urinaires” ainsi que “comme moyen adjuvant de traitement des douleurs modérées du tractus urinaire ».
La Commission E du ministère de la Santé allemand reconnaît lui aussi l’usage thérapeutique du bouleau comme moyen “d’irrigation du tractus urinaire en situation infections bactériennes et de calculs rénaux”. la Commission précise aussi que “le bouleau peut être utile dans le traitement des rhumatismes”.
La Coopération scientifique européenne en phytothérapie (ESCOP) indique que le bouleau favorise « l’irrigation des voies urinaires, notamment lors d’inflammation et de calcul rénal, et comme traitement d’appoint des infections bactériennes urinaires ».
Ce que dit la science à propos des bienfaits du bouleau
Une étude à large spectre sur les effets du bouleau publiée dans le Journal d’Ethnopharmacologie (1) (2) met en exergue plusieurs effets potentiellement bénéfiques.
Une potentielle activité anti-cancéreuse
Le bouleau aurait notamment une activité anticancéreuse. La majeure partie des études en ce sens se concentrent sur l’activité de la bétuline et de l’acide bétulinique. L’activité antiproliférative de ces molécules sur différents types de cellules cancéreuses (col de l’utérus, sein, peau…) a été mise en évidence, probablement en association avec d’autres composés des extraits de bouleau.
Un potentiel effet anti-inflammatoire
On a aussi cherché à prouver l’activité anti-inflammatoire d’extraits de bouleau. Une étude (3) de 1995 a montré qu’un extrait aqueux de feuilles de bouleau avait une activité anti-inflammatoire in vitro sur des cellules isolées, notamment une inhibition modérée de l’exocytose du Platelet.
Une piste de traitement pour la peau
Un essai a été conduit avec une pommade à l’extrait d’écorce de bouleau qui a montré une efficacité dans le traitement de la kératose actinique. Il s’agit d’une nouvelle option thérapeutique envisageable.
Une autre étude (4) montre que l’extrait d’écorce de bouleau (Betula platyphylla), administré par voie orale, réduit le développement de la dermatite en agissant sur l’intensité des démangeaisons, l’hypertrophie ainsi que l’infiltration du derme par des cellules inflammatoires. Cet effet ouvre potentiellement la voie à un traitement de maladies allergiques inflammatoires car le bouleau permettrait d’inhiber le relargage d’histamine.
Il a aussi été montré (5) que l’extrait d’écorce de bouleau agit sur le renforcement de la barrière cutanée. Un autre bienfait du bouleau qui intéresse la dermocosmétique pour le traitement des peaux sèches .
Comment consommer la sève de bouleau ?
Les Amérindiens récoltaient déjà la sève du bouleau au Canada.
Dans le cadre d’un usage récréatif, n’y a pas de dosage recommandé pour la sève de bouleau, qui est simplement une boisson rafraîchissante légèrement pétillante.
L’usage de la tisane de feuilles de bouleau est aussi détaillé dans une thèse de pharmacologie de l’Université de Picardie. La tisane de bouleau y est mentionnée pour “son action diurétique dans les pathologies telles que les œdèmes, les coliques néphrétiques, la goutte, les rhumatismes musculaire, la cellulite, l’hypercholestérolémie et l’hypertension.”
La posologie recommandée en vue de cet usage est de 3 tasses par jour à distance des repas et avant 17h. La tisane est préparée avec 20 à 50 grammes de feuilles par litre d’eau bouillante. Une semaine comme diurétique et 3 semaines comme draineur, précise la thèse.
Une boisson déshydratante au goût rafraichissant
Un unique bouleau peut produire jusqu’à 5 litres de sève en une journée. Elle a la même consistance que l’eau et vous pouvez la boire directement. Elle a un goût doux très proche de l’eau avec une touche de boisée.
Cette boisson contient moins de calories et de sucre que l’eau de coco. C’est une bonne source d’électrolytes en raison de sa teneur en magnésium et en potassium élevée.
Un verre de 240 ml de sève de bouleau contient :
- Calories : 7
- Glucides : 2,4 grammes
- Sucre : 2,4 grammes
- Calcium : 2 % des apports recommandés
- Magnésium : 94 % des apports recommandés
- Manganèse : 125 % des apports recommandés
- Zinc : 3 % des apports quotidiens recommandés
Autres usages traditionnels des feuilles de bouleau
Les feuilles de bouleau sont riches en saponine, en acide bétulique et en vitamine C. La composition détaillée de la feuille de bouleau comprend de la vitamine C, carotènes, acides phénols, glucosides et roséoside. On y retrouve surtout des flavonoïdes très intéressant d’un point de vue santé.
Une analyse de la sève de bouleau révèle la présence d’acide malique 100-600 mg/l, d’acide succinique 10-300 mg/l, d’acide phosphorique 10-50 mg/l et d’acide citrique 5-20 mg/l.
D’autres usage thérapeutiques traditionnels du bouleau ont été reportés. Nous en présentons quelques uns ci-dessous à titre d’information bien qu’aucune étude scientifique ne permet d’en étayer la véracité.
Une infusion avec un effet anti-inflammatoire à démontrer
Les feuilles de bouleau en infusion auraient un effet anti-inflammatoires pour lutter contre les inflammations articulaires. Elles offriraient un soulagement des rhumatismes, arthrite, arthrose, goutte… L’action dépurative du bouleau lui permettrait d’évacuer l’acide urique, une substance aux effets inflammatoires pour les articulations.
En tisane, elle serait utilise contre la rétention d’eau
Les feuilles de bouleau seraient bénéfiques contre la cellulite et pour lutter contre la rétention d’eau et les oedème en raison de son effet diurétique.
Effets dermatologiques des feuilles
Comme indiqué par certaines études citées plus haut, les feuilles de bouleau seraient efficaces pour certains problèmes de peau. Elles permettent de soulager de légère affections cutanées telles que les brûlures, croûtes de lait, irritations, eczéma, psoriasis, verrues, etc. De plus l’infusion de feuilles de bouleau serait efficace pour soulager le cuir chevelu et réduire les pellicules.
En lavages et compresses, les feuilles de bouleau seraient désinfectantes pour la peau, bénéfiques dans les dermatoses. Pour les croûtes de lait, il est possible de réaliser une infusion à 50g de feuilles séchées par litre d’eau en lavages 2 à 3 fois par jour.
Enfin, les feuilles sont recommandées en cataplasme ou en infusion pour combattre les furoncles. Les bains de pieds dans une décoction d’écorce seraient bénéfiques contre la sueur des pieds et les dermatoses.
Contre-indication notables du bouleau
Les informations sur les bienfaits du bouleau détaillées dans cet article sont uniquement informatives. Vous devez toujours consulter votre médecin avant d’entreprendre une cure de phytothérapie. Il existe de nombreuses interactions possibles avec des traitement médicaux et des effets secondaires à ne pas sous-estimer.
Les feuilles de bouleau sont notamment contre-indiquées chez les personnes souffrants d’allergies au pollen de bouleau ou ayant des problèmes d’œdème lié à une maladie cardiaque ou rénale.
Le bouleau étant diurétique, il est important de bien s’hydrater en complément de sa consommation.
Comment récolter la sève du bouleau soi-même ?
D’abord, il faut sélectionnez un bouleau mature et en bonne santé avec un diamètre du tronc soit d’au moins 25 cm.
La récolte se fait généralement au début du printemps, lorsque les températures en journée commencent à remonter mais que les nuits restent froides. C’est le moment où la sève monte de la racine vers les branches.
Préparez un foret et une perçeuse, un tuyau, un seau ou une bouteille propre et un couvercle ou une toile pour le protéger.
Percez un trou dans le tronc de l’arbre, à environ 1 mètre au dessus du sol. Le trou doit être de 1 à 2 cm de diamètre et d’environ 3 à 4 cm de profondeur. Assurez-vous de percer avec un angle légèrement ascendant pour faciliter l’écoulement de la sève vers le bas. (voir image)
Insérez le tuyau dans le trou. Assurez-vous qu’il soit bien ajusté pour éviter les fuites tout autour.
Placez le seau sous le tuyau pour recueillir la sève qui s’écoule. Couvrez le seau pour empêcher les débris et les insectes de tomber dedans.
Une fois la saison de récolte terminée (généralement lorsque les températures nocturnes ne descendent plus en dessous de zéro), il faut retirer le tuyau et refermer le trou avec un bouchon en bois ou en liège.
Ne percez pas plus d’un trou par arbre et évitez de récolter la sève du même arbre plusieurs années de suite pour lui permettre de se régénérer.
Bibliographie
(1) S. Rastogi, M. M. Pandey, et A. K. Singh Rawat, « Medicinal plants of the genus Betula-
emplois, Parragon. 2007.
Traditional uses and a phytochemical-pharmacological review », Journal of
Ethnopharmacology, no 159, p. 62‐83, 2015.
(2) V. Mshvildadze, J. Legault, S. Lavoie, C. Gauthier, et A. Pichette, « Anticancer
diarylheptanoid glycosides from the inner bark of Betula papyrifera », Phytochemistry, no
68, p. 2531‐2536, 2007.
(3) H. Tunon, C. Olavsdotter, et L. Bohlin, « Evaluation of anti-inflammatory activity of some
Swedish medicinal plants. Inhibition of prostaglandin biosynthesis and PAF-induces
exocytosis », Journal of Ethnopharmacology, no 48, p. 61‐76, 1995.
(4) E.-C. Kim et al., « The bark of Betula platyphylla var. japonica inhhibits the development of atopic dermatitis-like skin lesions in NC/Nga mice », Journal of Ethnopharmacology, no 116, p. 270‐278, 2008.
(5) F. Casetti, U. Wolfe, W. Gehring, et C. M. Schempp, « Dermocosmetics for Dry Skin : A New Role for Botanical Extracts », Skin Pharmacology and Physiology, no 24, p. 289‐293, 2011.